Avec l’âge, le métabolisme ralentit, la testostérone diminue et la fatigue s’installe. De nombreuses personnes de plus de 40 ans constatent une perte de vitalité, une prise de poids plus facile et une récupération musculaire plus lente.
Face à ces changements, certains se tournent vers la DHEA (déhydroépiandrostérone), un précurseur naturel des hormones sexuelles, censé restaurer l’énergie et optimiser la forme physique. Popularisée dans les années 1990 comme une “fontaine de jouvence” hormonale, cette molécule est aujourd’hui au centre de nombreux débats scientifiques. Son efficacité est-elle prouvée ? Qui peut en bénéficier ? Nous allons en parler dans cet article.
La DHEA est-elle en vente libre en France ?
En France, la DHEA est classée comme un médicament et ne peut être obtenue que sur prescription médicale. Contrairement aux États-Unis, où elle est disponible en vente libre en tant que complément alimentaire, la réglementation française impose un contrôle strict sur son usage.
Cette restriction s’explique par les effets potentiels sur l’équilibre hormonal et les risques d’abus, notamment dans le milieu du sport, où la DHEA est considérée comme une substance dopante et figure sur la liste des produits interdits par l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Toute utilisation doit donc être encadrée par un professionnel de santé, qui évaluera la nécessité d’une supplémentation en fonction des résultats d’un bilan hormonal.
Déclin de la DHEA
La DHEA est produite naturellement par les glandes surrénales et atteint son pic vers l’âge de 25 ans. Ensuite, sa concentration sanguine diminue progressivement. À 50 ans, son niveau peut avoir chuté de 50 % ou plus. Ce déclin est associé à plusieurs symptômes, bien que leur intensité varie selon les individus.
Parmi les signes les plus courants d’une carence figurent la fatigue chronique, une baisse de la libido, une perte musculaire, une prise de graisse abdominale et des troubles du sommeil. Certains rapportent aussi une augmentation du stress et de l’anxiété, liée à un déséquilibre entre la DHEA et le cortisol, l’hormone du stress.
La DHEA a-t-elle un impact la testostérone ?
L’un des arguments en faveur de la supplémentation repose sur son effet supposé sur la production de testostérone. Une méta-analyse de 42 études a montré que la DHEA pouvait augmenter les niveaux de testostérone, en particulier chez les personnes jeunes et en bonne santé prenant des doses supérieures à 50 mg par jour.
Cependant, les effets restent modestes et dépendent fortement du profil hormonal initial. Contrairement à la testostérone exogène, qui stimule directement la synthèse musculaire, la DHEA fonctionne davantage comme un modulateur dont les bénéfices dépendent de la capacité du corps à convertir cette hormone en testostérone ou en œstrogènes.
C’est quoi le lien entre DHEA et cortisol
Le cortisol est souvent considéré comme l’ennemi des hormones anabolisantes. Lorsqu’il est produit en excès – ce qui est fréquent chez les gens stressés ou soumis à un entraînement intensif – il favorise la fonte musculaire et l’accumulation de graisse abdominale.
Des études suggèrent que la DHEA joue un rôle régulateur en atténuant les effets du cortisol. En théorie, cela pourrait améliorer la récupération après l’effort et réduire l’inflammation chronique, un facteur clé du vieillissement prématuré.
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Prise de muscle et perte de graisse avec la DHEA
La relation entre DHEA et composition corporelle est plus nuancée qu’il n’y paraît. Une méta-analyse a conclu que la supplémentation pouvait légèrement augmenter la masse maigre et réduire la graisse corporelle, mais sans impact significatif sur le poids total.
Ces résultats indiquent que la DHEA peut être un facteur d’optimisation, mais qu’elle ne remplace ni un programme d’entraînement structuré, ni une alimentation adaptée. Ceux qui espèrent des transformations spectaculaires risquent d’être déçus.
Vers qui se tourner pour tester son taux de DHEA ?
Avant d’envisager une supplémentation, il est recommandé de faire mesurer son taux de DHEA-S (sulfate de DHEA) via une prise de sang. Un médecin généraliste ou un endocrinologue peut prescrire cet examen, qui permet de vérifier si une carence est présente.
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Les résultats doivent être interprétés avec précaution. Un taux bas ne signifie pas nécessairement un besoin de supplémentation. En effet, une augmentation artificielle de la DHEA peut provoquer des effets secondaires, notamment une augmentation des œstrogènes, des troubles du sommeil ou des déséquilibres hormonaux.
Quel dosage de DHEA prendre ?
Les études cliniques suggèrent que des doses de 25 à 50 mg par jour sont généralement suffisantes pour observer des effets, bien que certaines personnes puissent tolérer jusqu’à 100 mg selon leur réponse individuelle.
Il est préférable de commencer avec une dose modérée, d’observer les effets sur quelques semaines, puis d’ajuster si nécessaire. Prendre la DHEA le matin permet d’éviter toute perturbation du rythme circadien et du sommeil. Dans tous les cas, jamais sans l’avis de votre médecin.
La DHEA est intéressante, mais ce n’est pas une solution miracle
Si la DHEA semble avoir des effets positifs sur la gestion du stress, la testostérone et la composition corporelle, elle ne constitue pas une solution universelle. Son efficacité varie selon les individus et son potentiel reste limité en l’absence d’un mode de vie adapté. Toute intervention sur le système hormonal doit être abordée avec prudence.
Pour aller encore plus loin
la Revue Médicale Suisse propose une analyse détaillée des effets et des usages de la DHEA.
L’article souligne que si la DHEA est souvent présentée comme un complément bénéfique pour contrer les effets du vieillissement – notamment la perte de vitalité, la diminution de la masse musculaire et les troubles de l’humeur –, son efficacité reste controversée.
Les études cliniques montrent des résultats mitigés : certains travaux suggèrent une amélioration modérée de la densité osseuse et de la composition corporelle, tandis que d’autres ne constatent aucun effet significatif sur la performance physique ou cognitive.
Sur le plan clinique, la DHEA est parfois prescrite pour des cas de déficience avérée, notamment chez les patients souffrant d’insuffisance surrénalienne. Cependant, son utilisation comme complément anti-âge chez les individus en bonne santé reste sujette à débat.
Les risques potentiels incluent des déséquilibres hormonaux, une augmentation des taux d’œstrogènes chez l’homme et des effets secondaires tels que l’acné ou l’irritabilité.
L’article insiste également sur les régulations strictes entourant la DHEA en Suisse et en Europe, où elle est classée comme un médicament soumis à prescription, contrairement aux États-Unis où elle est disponible en vente libre. Cette différence législative reflète les précautions à prendre avant toute supplémentation, qui devrait être précédée d’un bilan hormonal et d’un suivi médical rigoureux.
Pour ceux qui souhaitent maximiser leurs résultats, la priorité reste un entraînement structuré, une alimentation riche en nutriments essentiels et une gestion efficace du stress, pour ça, je vous invite à voir ce cours que j’ai enregistré. La DHEA peut alors être envisagée comme un outil d’optimisation, mais non comme une panacée.
Théo @fitnessmith
Sources
- Li, R., et al. (2020). « A Dose-Response and Meta-Analysis of DHEA on Testosterone Levels. »
- Dutheil, F., et al. (2021). « DHEA as a Biomarker of Stress: A Systematic Review. »
- Wang, H., et al. (2020). « The Effects of Dehydroepiandrosterone (DHEA) on Body Composition. »
- https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2005/revue-medicale-suisse-6/mise-au-point-sur-la-dehydroepiandrosterone-dhea